Il est compréhensible que les récentes faillites de banques aux États-Unis vous rendent nerveux. De telles faillites pourraient-elles se produire ici? La bonne nouvelle, c’est que les faillites bancaires sont extrêmement rares au Canada et que les clients sont protégés.
Qu’est-il arrivé aux banques américaines?
Le 10 mars, nous avons assisté à la faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) – un important prêteur du secteur des technologies – qui est survenue à la suite d’une panique bancaire et qui a provoqué la plus importante faillite de banques américaines depuis la crise financière mondiale.
Dans la foulée de cet événement, les clients ont commencé à retirer leur argent de façon désespérée auprès du prêteur californien. Toutefois, l’effondrement a eu un effet de panique sur les marchés, malmenant au passage des institutions plus faibles qui peinent déjà avec des taux d’intérêt élevés et des problèmes qu’elles ont elles-mêmes causés.
Une semaine plus tard, une deuxième banque régionale des États-Unis, la Signature Bank, a fermé ses portes; une troisième banque, la First Republic Bank, a été renflouée par la Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC). Ces mesures avaient pour but d’endiguer la première menace importante à l’égard d’une banque ayant une portée mondiale depuis 2008.
Un calme relatif règne maintenant dans le secteur bancaire américain grâce au financement d’urgence important fourni par des prêteurs de dernier recours, comme les banques centrales et d’autres grands intervenants du secteur.
Qu’est-ce que la panique bancaire?
Il est question de panique bancaire lorsque de nombreux clients retirent leurs dépôts d’une banque en même temps, habituellement parce qu’ils ont perdu confiance dans la capacité de la banque à s’acquitter de ses obligations.
Un tel comportement peut être motivé par plusieurs raisons, notamment :
- Des rumeurs d’insolvabilité
- Des nouvelles d’importantes pertes ou des scandales impliquant la banque
- Un repli économique général
Lorsqu’une banque est la cible d’une panique bancaire, elle peut rapidement s’effondrer parce qu’elle pourrait ne pas avoir suffisamment de liquidités pour répondre à toutes les demandes de retrait. Une telle situation pourrait avoir un effet domino puisque d’autres clients, gagnés par la crainte, pourraient se précipiter pour retirer de l’argent, mettant encore plus à l’épreuve la liquidité de la banque.
Les paniques bancaires peuvent avoir de graves conséquences pour l’économie en général, car elles peuvent mener à l’effondrement de la banque touchée et à la perte de l’épargne de ses clients. Elles peuvent aussi se répercuter sur d’autres institutions financières, déclenchant une crise financière plus vaste.
En réaction, les gouvernements et les banques centrales peuvent intervenir pour tenter de prévenir ou d’endiguer les paniques bancaires; pour ce faire, ils fourniront un financement d’urgence, garantiront les dépôts ou prendront d’autres mesures pour rétablir la confiance dans le système bancaire.
Il est peu probable que survienne une panique bancaire au Canada pour les raisons suivantes :
- Système bancaire solide : Le Canada dispose d’un système bancaire hautement réglementé et stable qui est considéré comme l’un des plus solides du monde. Les grandes banques du pays sont bien capitalisées et leur note de solvabilité est élevée, ce qui signifie qu’elles sont mieux outillées pour résister aux chocs économiques et à d’autres défis.
- Assurance-dépôts : Le gouvernement canadien fournit une assurance-dépôts par l’intermédiaire de la Société d’assurance-dépôts du Canada (SADC)Ouvre un nouveau site dans une nouvelle fenêtre, laquelle garantit les dépôts admissibles jusqu’à concurrence de 100 000 $ par déposant et par catégorie assurée. Les clients savent ainsi que leurs dépôts sont protégés en cas de faillite d’une banque, ce qui réduit la probabilité d’une panique bancaire.
- Soutien de la banque centrale : La Banque du Canada joue un rôle clé dans le maintien de la stabilité financière. Elle est par ailleurs habilitée à servir de prêteur de dernier recours pour aider les banques à avoir accès à des liquidités en période de tensions. Elle contribue ainsi à prévenir un resserrement des liquidités qui pourrait donner lieu à une panique bancaire.
- Réglementation rigoureuse : Le Canada dispose d’un cadre réglementaire rigoureux qui exige des banques qu’elles maintiennent des niveaux élevés de capital et de liquidité. Cette stratégie permet aux banques d’absorber des pertes et de continuer à exercer leurs activités même dans des conditions économiques difficiles.
Quelle est l’incidence de ces faillites bancaires aux États-Unis sur les Canadiens?
Les faillites bancaires survenues récemment aux États-Unis pourraient avoir une incidence indirecte limitée sur les Canadiens.
Tout d’abord, il est important de noter que SVB est une banque américaine qui dessert principalement le secteur de la technologie et de l’innovation. Il ne s’agit pas d’une banque nationale au Canada, et elle n’y a aucune succursale et n'y exerce aucune activité. Toutefois, certaines entreprises technologiques canadiennes qui font affaire avec SVB pourraient être touchées si cette dernière s’effondrait.
Par exemple, les entreprises en démarrage et de technologie canadiennes qui comptent sur SVB pour obtenir du financement, pour traiter des paiements ou pour d’autres services financiers pourraient devoir composer avec des perturbations ou des retards si la banque venait à faire faillite. Ce qui pourrait se répercuter sur leur capacité d’accéder à du financement ou d’accroître leurs affaires, et avoir des répercussions plus vastes pour l’industrie canadienne de la technologie.
De plus, l’effondrement de SVB pourrait créer une onde de choc plus importante dans le système financier mondial, qui pourrait atteindre l’économie canadienne.
Si SVB devait se trouver en défaut de paiement quant à ses dettes ou s’il en découlait une crise financière plus vaste, cela pourrait entraîner un resserrement du crédit et un ralentissement de l’activité économique. Une telle situation pourrait à son tour toucher les entreprises et les investisseurs canadiens qui sont exposés aux marchés des capitaux américains.
Comment les dépôts et les placements canadiens sont-ils protégés?
Au Canada, les placements et les dépôts des Canadiens sont protégés de plusieurs façons. Voici quelques exemples :
- Société d’assurance-dépôts du Canada (SADC) : La SADC est une société d’État fédérale qui protège les dépôts admissibles détenus auprès des institutions financières membres en cas de faillite. Elle offre une protection pouvant aller jusqu’à un maximum de 100 000 $ par catégorie assurée, par institution. Cela signifie que si votre banque ou coopérative de crédit fait faillite, vos dépôts admissibles seront couverts jusqu’à concurrence de ce montant.
- Par exemple, depuis sa création par le Parlement, en 1967Ouvre un nouveau site dans une nouvelle fenêtre, la SADC s’est occupée de 43 faillites d’institutions financières qui ont touché plus de 2 millions de déposants. Ce fut une période difficile, mais personne n’a perdu un seul dollar assuré.
- Fonds de protection des épargnants : Au Canada, le secteur des valeurs mobilières est assujetti à la réglementation de l’Organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières (OCRCVM) et de l’Association canadienne des courtiers de fonds mutuels (ACFM). Les 2 organisations ont constitué des fonds de protection des investisseurs visant à indemniser les clients des sociétés membres en cas de faillite. Ces fonds offrent une protection maximale d’un million de dollars par compte, y compris jusqu’à un maximum d’un million de dollars pour les soldes de trésorerie.Ouvre un nouveau site dans une nouvelle fenêtre
- Assurance-dépôts provinciale : Certaines provinces proposent également leur propre programme d’assurance-dépôts. Par exemple, au Québec, l’Autorité des marchés financiers (AMF)Ouvre un nouveau site dans une nouvelle fenêtre propose une assurance-dépôts pour les dépôts admissibles détenus auprès d’institutions financières situées au Québec jusqu’à concurrence de 100 000 $ par déposant et par institution. Voici d’autres programmes provinciaux d’assurance-dépôts :
- Alberta (en anglais seulement) – Alberta Credit Union Deposit Guarantee CorporationOuvre un nouveau site dans une nouvelle fenêtre
- Colombie-Britannique (en anglais seulement) – Credit Union Deposit Insurance Corporation of B.C.Ouvre un nouveau site dans une nouvelle fenêtre
- Manitoba – Société d’assurance-dépôts du ManitobaOuvre un nouveau site dans une nouvelle fenêtre
- Nouveau-Brunswick – Société d’assurance-dépôts des caisses populaires du Nouveau-BrunswickOuvre un nouveau site dans une nouvelle fenêtre
- Terre-Neuve-et-Labrador (en anglais seulement) – Newfoundland and Labrador Credit Union Deposit Guarantee CorporationOuvre un nouveau site dans une nouvelle fenêtre
- Nouvelle-Écosse (en anglais seulement) – Nova Scotia Credit Union Deposit Insurance CorporationOuvre un nouveau site dans une nouvelle fenêtre
- Ontario – Autorité ontarienne de réglementation des services financiersOuvre un nouveau site dans une nouvelle fenêtre
- Île-du-Prince-Édouard (en anglais seulement) – Credit Union Deposit Insurance CorporationOuvre un nouveau site dans une nouvelle fenêtre
- Saskatchewan (en anglais seulement) – Saskatchewan Credit Union Deposit Guarantee CorporationOuvre un nouveau site dans une nouvelle fenêtre
- Comptes enregistrés : Certains types de comptes enregistrés – comme les régimes enregistrés d’épargne-retraite (REER) et les comptes d’épargne libre d’impôt (CELI) – sont également protégés par la SADC ou les programmes provinciaux d’assurance-dépôts.
- L’assurance-dépôts ne couvre pas les fonds communs de placement, les actions, les obligations, les fonds négociés en bourse (FNB), les cryptomonnaies ou les pertes dues à la fraude ou au vol.