Par Corrado Tiralongo, chef des placements | 6 octobre 2025
Le point de vue du directeur des investissements Corrado Tiralongo sur l'économie mondiale au troisième trimestre 2025.
Perspectives de placement du T3 2025 : Trouver l’équilibre entre résilience et fragilité
Le troisième trimestre de 2025 a mis en évidence une tension centrale sur les marchés actuels : la résilience des États-Unis contraste avec la faiblesse observée ailleurs. Alors que la croissance américaine continue de dépasser les attentes, le Canada, l’Europe et le Royaume-Uni frôlent la stagnation. Parallèlement, les banques centrales ont commencé à assouplir leur politique avec prudence, les pressions inflationnistes demeurent inégales et les évaluations sur les marchés boursiers deviennent de plus en plus exigeantes. Pour les investisseurs, il s’agit d’une période où il est plus important que jamais de maintenir une diversification et de faire preuve de résilience, plutôt que de tenter de prévoir chaque fluctuation à court terme.
Économie mondiale : entre résilience et fragilité
L’économie américaine a enregistré un autre trimestre de solide performance. La croissance du PIB se situe autour de 3 % en rythme annualisé
Au Canada, le tableau est moins favorable. L’économie s’est contractée au deuxième trimestre et affiche à peine une croissance positive au troisième. La montée du chômage, combinée aux vents contraires liés au commerce, place le Canada aux portes de la récession. L’Europe et le Royaume-Uni sont confrontés à des défis similaires, avec une croissance bien inférieure à celle des États-Unis. Ces divergences mettent en lumière le caractère inhabituel du cycle actuel : alors que les États-Unis poursuivent leur progression, leurs homologues peinent à retrouver leur élan. Pour les investisseurs, cela signifie que les occasions demeurent concentrées, mais que la fragilité mondiale reste un facteur à surveiller de près.
Banques centrales : un assouplissement prudent
La politique monétaire est passée de la retenue à un assouplissement mesuré. La Réserve fédérale a procédé à une baisse de taux en septembre, le président Powell avançant comme motivation la « gestion des risques » plutôt qu’une détérioration immédiate des conditions économiques. Avec une inflation fondamentale des dépenses de consommation personnelle toujours à 2,9 %
La Banque du Canada a également abaissé son taux directeur de 25 points de base, une décision attendue compte tenu de la faiblesse des données économiques nationales. Bien que les marchés anticipent d’autres baisses, notre scénario de base prévoit deux réductions de sa part au cours de ce cycle, avec la possibilité de mesures supplémentaires uniquement si le taux de chômage augmente plus rapidement que prévu. Par ailleurs, la Banque centrale européenne et la Banque d’Angleterre ont choisi de maintenir leurs taux inchangés, freinées par une inflation persistante dans le secteur des services. À l’échelle mondiale, le ton est cohérent : les banques centrales assouplissent leur politique monétaire à titre préventif ou dans une optique de normalisation, et non comme mesure de sauvetage d’urgence. Pour les marchés, cette distinction est essentielle. À l’échelle mondiale, le ton est cohérent : les banques centrales assouplissent leur politique monétaire à titre préventif ou dans une optique de normalisation, et non comme mesure de sauvetage d’urgence. Pour les marchés, cette distinction est essentielle.
Inflation : biens en repli, services tenaces
L’un des enjeux majeurs en 2025 est l’impact des droits de douane sur les prix à la consommation. Jusqu’à présent, l’incidence sur les prix est restée modérée. L’inflation fondamentale des biens demeure contenue, tandis que la composante plus importante des services reste difficile à faire baisser. Aux États-Unis, l’inflation fondamentale se maintient autour de 3 %
Cette combinaison inégale entre une inflation modérée des biens et une inflation plus persistante des services renforce la prudence des banques centrales. L’inflation ne freine pas la croissance, mais elle n’a pas non plus été complètement maîtrisée.
Actions : optimisme teinté de signaux d’alerte
Les marchés boursiers continuent de refléter cet équilibre entre résilience et risque. Aux États-Unis, la croissance des bénéfices et les investissements liés à l’IA ont soutenu une révision à la hausse des perspectives. Nous prévoyons désormais que l’indice S&P 500 atteindra 6 750 d’ici la fin de 2025 et 7 250 en 2026. Le bénéfice par action prévisionnel devrait s’élever à 290 $ en 2025 et à 300 $ en 2026, ce qui correspond à des multiples de valorisation prévisionnels de 23 à 24. Cela demeure inférieur au ratio observé au sommet de la bulle technologique (25), mais bien au-dessus de la moyenne historique, qui tourne autour de 17.
Parallèlement, plusieurs signaux d’alerte s’accumulent. La concentration du marché reste extrême, les 10 plus grandes entreprises représentant près de 40 % de la pondération de l’indice. Les sondages sur la confiance des investisseurs approchent des seuils qui, lors de cycles précédents, ont précédé des conditions de bulle. Les régimes de retraite à cotisations déterminées aux États-Unis, ainsi que les ménages, détiennent désormais une part record de leurs actifs en actions – la plus élevée depuis au moins 75 ans
Ailleurs qu’aux États-Unis, le tableau est plus nuancé. Les actions canadiennes ont surpassé l’indice S&P 500 cette année, soutenues par la vigueur des secteurs des produits financiers et des matériaux, mais les perspectives économiques nationales demeurent faibles. Les marchés émergents restent freinés par les vents contraires liés aux droits de douane et par des conditions financières fragiles. Au final, l’optimisme à l’égard des actions repose de manière disproportionnée sur les États-Unis, ce qui souligne l’importance de la diversification.
Marchandises : l’or brille, le pétrole faiblit
Les marchandises font preuve d’une certaine divergence. L’or a dépassé les 3 500 $US l’once, soutenu par les anticipations de baisses de taux aux États-Unis, les préoccupations budgétaires et une forte demande des banques centrales. La valeur des réserves officielles mondiales d’or approche désormais celle des avoirs en bons du Trésor américain, ce qui souligne le retour de l’or comme actif de réserve central. Les facteurs qui soutiennent la demande des banques centrales laissent croire que la vigueur de l’or restera une tendance structurelle.
Le pétrole évolue dans un contexte opposé. L’OPEP+ privilégie les parts de marché, augmentant l’offre malgré un affaiblissement de la demande. Nous prévoyons une baisse des prix vers 60 $US en 2025 et 50 $US en 2026. Le contraste entre l’or et le pétrole reflète à la fois les données fondamentales économiques et l’évolution du comportement des investisseurs.
Contexte budgétaire : contraintes politiques
Les déficits publics demeurent élevés, en particulier aux États-Unis, où le manque à gagner est estimé à 6 % du PIB
Positionnement du portefeuille : privilégier la résilience à la précision
Pour les investisseurs, le défi consiste à tirer parti de la résilience des États-Unis tout en gérant les risques liés à des valorisations élevées, à une forte concentration et à des conditions mondiales inégales.
Notre approche met l’accent sur la résilience plutôt que sur la précision. Une exposition aux actions américaines de base demeure essentielle, mais nous la contrebalançons par une diversification mondiale et des stratégies multifactorielles qui réduisent la dépendance à un petit nombre de titres dominants. Dans le volet revenu fixe, nous considérons les solutions alternatives comme les placements privés en titres de créance et les prêts hypothécaires comme des sources intéressantes de revenu et de gestion de la duration, particulièrement dans un contexte de taux élevés prolongés. La liquidité et la flexibilité demeurent essentielles, permettant aux portefeuilles d’absorber les chocs soudains si les risques liés aux investissements dans l’IA, aux marchés de financement ou à la politique budgétaire se concrétisent.
Par-dessus tout, la leçon à retenir ce trimestre est que les risques se développent souvent discrètement et éclatent soudainement. En maintenant une exposition équilibrée, en conservant des liquidités adéquates et en se préparant à une gamme plus large de scénarios, il est possible de faire en sorte que les portefeuilles restent positionnés pour saisir les occasions tout en se protégeant contre la fragilité.
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