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Par Corrado Tiralongo, chef des placements | 10 juillet 2025

Perspectives de placement du T2 de 2025 : accepter l’imprévisible 

À mesure que les investisseurs gagnent en expérience sur les marchés, ils acquièrent une sagesse pratique pour composer avec la volatilité. Cela inclut non seulement les risques mesurables, mais aussi des incertitudes plus profondes, impossibles à quantifier. Aujourd’hui, cette distinction entre risque et incertitude est plus pertinente que jamais. Les marchés, comme la nature, suivent souvent des trajectoires imprévisibles. Il ne s’agit pas seulement d’évaluer les risques mesurables, mais de se préparer à un monde de plus en plus imprévisible. 

Le risque est quantifiable. On peut le modéliser, lui attribuer des probabilités et s’en protéger. L’incertitude, en revanche, échappe aux courbes de distribution bien ordonnées. Elle reflète un monde où l’éventail des résultats s’élargit et où les chocs peuvent être structurels plutôt que cycliques. 

Des tensions géopolitiques accrues aux mutations structurelles du commerce mondial, nous entrons potentiellement dans une ère où l’incertitude prime sur le risque.  

En voici quelques exemples : 

  • L’issue de la politique commerciale des États-Unis reste fortement « dépendante au chemin »* et vulnérable aux décisions unilatérales de l’exécutif. 
  • L’incertitude budgétaire aux États-Unis et dans les principaux marchés émergents a fait s’accroître les risques extrêmes sur les marchés obligataires souverains.
  • L’optimisme lié aux bénéfices de l’intelligence artificielle (IA) soutient la performance des actions américaines, mais l’ampleur de son impact réel reste incertaine. 

Dans un tel contexte, la priorité doit passer de la prévision des résultats à l’établissement de portefeuilles robustes. Nous croyons que la résilience, et non la capacité de tout prévoir, est la caractéristique qui définit un investisseur prospère. 

Actions : dynamisme solide aux États-Unis, inégal ailleurs 

Le contexte boursier à court terme donne une fausse impression de solidité. Avec un cessez-le-feu qui tient au Moyen-Orient, une inflation en baisse et un S&P 500 à des sommets historiques, les marchés semblent profiter d’une position idéale temporaire. Mais sous la surface, des vulnérabilités persistent. La détente commerciale entre les États-Unis et la Chine reste fragile, et le 9 juillet marque la fin de la suspension de 90 jours des droits de douane réciproques décidée sous l’administration Trump. Les pays sans accord commercial bilatéral, y compris certains alliés clés des États-Unis, pourraient bientôt faire face à des droits de douane généralisés.  

L’entente provisoire entre les États-Unis et la Chine, apparemment liée aux exportations de terres rares, manque de précisions et de clarté. Par ailleurs, les droits de douane sur les importations chinoises atteignent encore en moyenne près de 40 %**, ce qui illustre la persistance des tensions commerciales structurelles. L’incertitude ne se limite pas à la Chine : elle pourrait également avoir des répercussions sur le Canada, l’Union européenne et le Mexique, selon l’évolution des politiques, créant ainsi des risques médiatiques et des perturbations potentielles sur les marchés. 

Malgré la volatilité récente, le S&P 500 s’approche de ses sommets historiques et les perspectives de croissance des bénéfices aux États-Unis restent encourageantes. Avec un recul des risques inflationnistes et une politique monétaire stable, les actions américaines continuent de bénéficier d’un environnement favorable. 

Cependant, cet optimisme n’est pas généralisé. Les marchés boursiers européens et canadiens sont confrontés à des vents contraires : faibles perspectives de croissance, contraintes budgétaires et exposition limitée au secteur technologique. En Europe, le climat économique continue d’indiquer une stagnation du produit intérieur brut (PIB), l’Allemagne, la France et l’Italie étant confrontées à des contraintes budgétaires croissantes en raison de la hausse des dépenses de défense et de la faiblesse de la croissance de la productivité. La Banque centrale européenne (BCE) est confrontée à un dilemme : comment soutenir une demande fragile sans affaiblir l’euro. Entre-temps, au Canada, les données récentes ont révélé une contraction mensuelle de 0,1 % du PIB en avril et en mai, principalement due à une baisse de 1,9 % dans le secteur manufacturier et à des perturbations liées aux droits de douane dans les équipements de transport et le commerce de gros. Bien que le secteur des services ait donné un coup de pouce temporaire, en particulier en ce qui concerne les activités liées aux séries éliminatoires de la LNH***, nous croyons qu’il est peu probable que ces gains persistent.  

Ces données récentes suggèrent que la croissance canadienne a probablement été, au mieux, stagnante au deuxième trimestre de 2025, ce qui renforce nos attentes à l’égard de nouvelles réductions de taux de la Banque du Canada plus tard cette année, au-delà de ce que les marchés intègrent actuellement.   

À notre avis, la prime de risque sur les actions continue de favoriser une orientation vers la qualité et la croissance structurelle, même si les évaluations globales semblent élevées. Par « qualité », on entend les sociétés affichant un bilan solide, des bénéfices fiables et des flux de trésorerie réguliers. Par « croissance structurelle », on entend les sociétés qui s’alignent sur des tendances économiques durables, comme la numérisation, l’intelligence artificielle, les changements démographiques ou la décarbonisation, des forces qui peuvent soutenir le rendement même en l’absence de vents favorables cycliques. 

Titres à revenu fixe : prudence à l’égard de la duration et de la sélection des titres de créance 

La Réserve fédérale américaine demeure divisée – aucune baisse de taux n’est attendue à court terme, mais les incertitudes croissantes autour de sa future direction inquiètent les marchés. Une ingérence politique dans les décisions de la Réserve fédérale pourrait, au lieu de faire baisser les coûts d’emprunt, entraîner une hausse des primes de terme exigées par les marchés. Par conséquent, nous demeurons prudents à l’égard de la duration, en particulier dans la partie à long terme de la courbe des bons du Trésor américain. 

Les marchés des obligations d’État demeurent sensibles à l’incertitude entourant la politique monétaire et à l’évolution des attentes en matière d’inflation. Nous maintenons une position prudente sur les actifs à duration longue, notamment aux États-Unis, où la prime de terme a fortement augmenté en raison des inquiétudes liées à la durabilité budgétaire. 

Bien que les taux des obligations de base puissent augmenter légèrement, nous continuons de détenir des titres du Trésor protégés contre l’inflation (TIPS) et des actifs réels aux fins de protection contre l’inflation, ainsi que des titres de créance de sociétés de premier ordre, dont les écarts demeurent étroits, mais stables. Les titres de créance des marchés émergents offrent un potentiel de hausse limité, compte tenu de la détérioration des fondamentaux budgétaires.

La liquidité reste un facteur central. Avec le report des anticipations de baisse de taux, la souplesse est primordiale. Notre positionnement obligataire reflète une préférence pour la résilience plutôt que pour la maximisation du rendement. 

Placements alternatifs : accepter des flux de rendement disparates 

Ce contexte met en évidence la valeur des stratégies différenciées. Nous continuons d’accroître notre exposition aux titres de créance privés, aux actifs réels et aux stratégies alternatives liquides afin de diversifier les facteurs de rendement des portefeuilles. 

Les marchés privés, en particulier dans le crédit, offrent une rémunération pour l’illiquidité sans exposer aux risques de duration associés aux titres à revenu fixe cotés. Par ailleurs, les actifs réels – notamment les infrastructures et l’immobilier – génèrent des flux de trésorerie indexés sur l’inflation et peuvent servir de stabilisateurs en période de repli des marchés actions. 

Nous avons également élaboré des stratégies de placements alternatifs liquides sur mesure, conçues pour compléter les catégories d’actif traditionnelles et réagir de façon dynamique aux changements de régime de marché. 

Devises : positionnement en faveur de la force relative du dollar américain 

À court terme, le dollar américain profite du report des baisses de taux par la Réserve fédérale et des écarts de taux d’intérêt à l’échelle mondiale. Mais derrière cela, une prime de risque budgétaire croissante se profile. Les négociations en cours sur la fiscalité et les dépenses aux États-Unis, combinées au tapage politique entourant un éventuel changement à la tête de la Réserve fédérale, pourraient accroître la volatilité sur les marchés du dollar et des bons du Trésor américains. 

Malgré son récent repli, nous pensons que le dollar américain est bien positionné pour un rebond modéré, puisque la Réserve fédérale retarde ses baisses de taux. Entre-temps, la sous-performance de l’économie canadienne par rapport aux États-Unis ainsi que les anticipations accommodantes concernant la Banque du Canada renforcent également la perspective d’un dollar américain plus fort face au dollar canadien. Alors que la Réserve fédérale retarde les baisses de taux, les écarts de taux continuent de favoriser le billet vert, d’autant plus que la politique monétaire demeure souple en Europe et en Asie. 

Nous demeurons non couverts en dollars américains dans nos mandats diversifiés à l’échelle mondiale. Un dollar américain plus vigoureux et un dollar canadien plus faible peuvent apporter de la stabilité aux portefeuilles canadiens en période de repli des marchés ou d’incertitude.  

Accepter les limites des prévisions : positionner les portefeuilles face à une incertitude croissante 

Malgré l’apparence de calme, l’économie mondiale avance à l’aveugle. Le climat économique en Europe reste morose, la croissance chinoise continue de décevoir par rapport à ses objectifs, et les risques budgétaires s’accumulent dans les économies développées. Même aux États-Unis, des signes de ralentissement économique devraient bientôt apparaître.  

Nous ne sommes pas encore sortis d’affaire, mais nos portefeuilles sont conçus pour résister à ce climat incertain. 

Plutôt que d’essayer d’anticiper le prochain choc, nous construisons des portefeuilles capables d’absorber une large gamme de scénarios, grâce à la diversification, à une préférence pour la qualité et à une souplesse structurelle. 

 

Avec ces principes, nous ne faisons pas que supporter l’incertitude – nous sommes prêts à y faire face avec confiance et détermination. 

Les prévisions économiques, aussi sophistiquées soient-elles, sont intrinsèquement vulnérables dans un contexte d’incertitude élevée. Notre approche consiste à accepter cette limite et à mettre l’accent sur la préparation plutôt que sur les prédictions. 

La dépendance au chemin en investissement signifie que la valeur d’un placement ne dépend pas uniquement de son point d’arrivée, mais aussi du parcours qu’il a suivi pour y parvenir. Cela peut créer des habitudes ou des schémas qui sont difficiles à changer et qui peuvent maintenir les mêmes personnes ou les mêmes systèmes en position de contrôle. En pratique, cela aide les investisseurs à anticiper le rendement futur d’un actif en analysant attentivement son comportement passé. US-China Trade War Tariffs: An Up-to-Date Chart (en anglais seulement) https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/250627/dq250627a-fra.htm    

Le contenu de cet article (y compris les faits, les perspectives, les opinions, les recommandations, les descriptions de produits ou titres ou les références à des produits ou titres) ne doit pas être pris ni être interprété comme un conseil en matière de placement, ni comme une offre de vente ou une sollicitation d’offre d’achat, ou une promotion, recommandation ou commandite de toute entité ou de tout titre cité. Bien que nous nous efforcions d’en assurer l’exactitude et l’exhaustivité, nous n’assumons aucune responsabilité quant à son utilisation.

Ce matériel pourrait renfermer des renseignements prospectifs qui décrivent nos attentes actuelles ou nos prédictions pour l’avenir ou celles de tiers. Les renseignements prospectifs sont, de par leur nature, assujettis, entre autres, à des risques, incertitudes et hypothèses qui peuvent modifier de façon importante des résultats réels qui ont été énoncés aux présentes. Ces risques, incertitudes et hypothèses comprennent, mais sans s’y limiter, les conditions générales économiques, politiques et des marchés, les taux d’intérêt et de change, la volatilité des marchés boursiers et financiers, la concurrence commerciale, les changements technologiques, les changements sur le plan de la réglementation gouvernementale, les changements au chapitre des lois fiscales, les poursuites judiciaires ou réglementaires inattendues et les catastrophes. Le lecteur est invité à examiner attentivement ces facteurs, ainsi que d’autres facteurs, et à ne pas se fier indûment aux renseignements prospectifs. L’information prospective contenue dans le présent document n’est à jour qu’en date du 9 juillet 2025. Il ne faut pas s’attendre à ce que ces renseignements soient mis à jour, complétés ou révisés en raison de nouveaux renseignements, de nouvelles circonstances, d’événements futurs ou autres.

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