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Volatilité des obligations du Trésor, hausse des prix des produits de base et difficultés persistantes du marché du travail canadien.

5 mars 2021 

Introduction

La conjoncture économique mondiale a montré des signes d’amélioration en février tandis que la distribution des vaccins s’est poursuivie, permettant par ailleurs à certains pays de lever leurs mesures de confinement. Dans ce contexte, les prix à la consommation ont pris de l’avance, non pas sans toutefois soulever des inquiétudes quant aux répercussions d’une éventuelle réémergence de l’inflation sur le redressement économique. La Chambre des représentants aux États-Unis a approuvé le plan de relance de 1,9 billion $ US, au bonheur des investisseurs. Ce plan, soit le « American Rescue Plan Act », attend maintenant l’approbation du Sénat américain et devrait entrer en vigueur le 14 mars prochain, date à laquelle les avantages actuels pour les sans-emplois sont appelés à prendre fin. 

Bien que les marchés boursiers mondiaux aient passé le fil d’arrivée mensuel à la hausse, les investisseurs ont tout de même eu à composer avec des périodes de volatilité. Les actions mondiales avaient rendu une grande part des gains réalisés au début du mois, les investisseurs leur ayant préféré les rendements obligataires gouvernementaux à long terme, craignant une hausse de l’inflation et la surévaluation des cours boursiers. À la lumière de ce renouveau d’intérêt envers les marchés à revenu fixe et la hausse des rendements obligataires à long terme, les courbes de rendement américaine et canadienne sont devenues plus prononcées au cours du mois. 

Larges écarts de rendement

Bien que la politique accommodante du conseil de la Réserve fédérale américaine (la « Fed ») maintienne artificiellement les coûts d’emprunt à de faibles niveaux, l’amélioration des conditions économiques et l’entrée en vigueur prévue du massif plan de relance aux États-Unis ont rallumé les braises inflationnistes et alimenté les rendements obligataires. À la fin du mois de février, le rendement du bon du Trésor américain sur 10 ans a grimpé de 34 points de base, passant ainsi de 1,07 % à 1,41 %. 

Cette hausse des rendements obligataires a suscité un réexamen des cours boursiers, particulièrement ceux des actions à forte croissance. Au pôle opposé sur le continuum de la qualité, les obligations à rendement élevé américaines sont passées sous la barre des 4 % pour la première fois à la mi-février. La demande pour ce type de titres a été ravivée par un goût du risque plus marqué et la continuelle recherche de rendements plus élevés. Cette chute pourrait encourager l’arrivée d’un plus grand nombre d’émetteurs à faible cote sur le marché, ceux-ci souhaitant exploiter la faiblesse des coûts d’emprunt. Les obligations à rendement élevé ont terminé le mois à 4,25 %.

Main-d’œuvre mise au défi

La remise en place des mesures de confinement à la fin de 2020, visant la fermeture des entreprises jugées non essentielles dans le but de ralentir la transmission de la COVID-19, a pesé lourd sur l’économie canadienne. Les répercussions ont été évidentes dans le marché de l’emploi, comme en témoigne la perte de 213 000 emplois en janvier, soit le plus haut chiffre depuis avril dernier selon les données de Statistique Canada. Les pertes d’emploi se sont essentiellement orchestrées dans le segment à temps partiel, au sein des secteurs du détail, de l’hospitalité et de la restauration. Incidemment, le taux de chômage a atteint 9,4 % en janvier, par rapport à son taux de 8,8 % au cours du mois précédent. 

Cette faiblesse persistante de la main-d’œuvre représente un bâton de taille dans les roues du redressement économique du Canada, notamment si le soutien apporté par le gouvernement pendant cette période pandémique se voit réduit. Toutefois, tout laisse croire que ce recul du marché de l’emploi sera temporaire. Les économistes ont adopté un ton prudemment optimiste dans leurs prévisions suivant la réouverture de certaines régions du pays à la fin du mois et l’arrivée d’un plus grand nombre de vaccins contre la COVID-19, après un départ plutôt lent. Ce faisant, l’activité économique devrait retrouver des niveaux plus normaux tout en redonnant de l’élan au taux d’embauche, particulièrement dans les secteurs durement touchés par la pandémie. 

Malgré ce rapport terne sur l’emploi, les actions canadiennes ont pris de l’avance pendant le mois de février. En effet, après avoir enregistré de solides gains au début du mois, les actions ont par la suite commencé à faire marche arrière, ralenties par la hausse des rendements obligataires à long terme et les prévisions inflationnistes, freinant ainsi l’ardeur des investisseurs. Les secteurs des technologies de l’information et des biens de consommation discrétionnaire ont dégagé les meilleurs rendements.

Risque d’une récession à double creux

L’activité économique en Europe a presque subi une halte totale au quatrième trimestre suivant la mise en place de nouvelles mesures de confinement pour ralentir la propagation de la COVID-19. Ces mesures ont substantiellement nui au secteur des services, occasionnant par le fait même une chute des nouvelles commandes, de la production et de l’emploi. En réponse à cette conjoncture, le produit intérieur brut de l’Europe s’est replié de 0,6 % au quatrième trimestre de 2020. Sachant que certaines de ces mesures sont encore en place, l’économie européenne devrait afficher de nouveau un déclin de son PIB au premier trimestre de 2021, faisant ainsi sombrer la région dans une récession pour une deuxième fois au cours d’une année. En effet, l’économie européenne avait accusé une récession au deuxième trimestre de 2020 avant d’orchestrer un redressement fulgurant de 12,4 % au troisième trimestre. Cependant, si l’Europe se retrouve de nouveau en récession, celle-ci ne devrait pas perdurer puisque l’assouplissement des mesures de confinement et la distribution soutenue des vaccins contre la COVID-19 sont appelés à redonner du poil de la bête à l’activité économique pendant le restant de 2021. Qui plus est, les relations étroites de l’Europe avec la Chine, notamment pour les biens fabriqués, pourraient offrir à l’économie régionale un autre élan, particulièrement au vu de la consolidation soutenue de cette superpuissance économique. Les actions européennes, mesurées par l’indice STOXX Europe 600, ont profité pendant le mois. Les investisseurs ont fait fi des répercussions néfastes des mesures de confinement, demeurant optimistes envers la croissance en 2021 au gré de la distribution globale des vaccins contre la COVID-19. 

Prix des marchandises à la hausse

Les prix de diverses marchandises ont orchestré une ascension vertigineuse en février, le bois d’œuvre atteignant des sommets records et le cuivre décrochant un sommet non atteint depuis plusieurs années. Alimentée par l’amélioration de la situation économique dans plusieurs régions du globe, la demande pour les marchandises a joui d’un regain d’intérêt. Le bois d’œuvre, entre autres, a tiré parti d’une forte demande pour approvisionner la construction de nouvelles maisons et les projets de rénovation. Le prix du bois a atteint un sommet record de 1 021,80 $ US le mille pieds-planche pendant le mois. Le cuivre a également décroché un sommet non atteint depuis plusieurs années grâce à une forte demande jumelée à l’offre en déclin des affineurs chinois. Sur le London Metal Exchange, le prix du cuivre s’élevait à 9 412,50 la tonne le 25 février, soit son plus haut niveau depuis 2011. Le prix du pétrole a également connu un essor de 18 % en février, soutenu par l’épuisement continu des stocks de pétrole brut à l’échelle mondiale. Une tempête de neige s’est abattue sur le Texas et d’autres régions du sud des États-Unis pendant le mois, ce qui a eu pour effet de suspendre la production et restreindre l’offre. 

Entre-temps, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, plus la Russie, ont observé leur entente de production réduite en février. Dans l’ensemble, l’indice des marchandises de Bloomberg s’est avancé de 6 % pendant le mois. Ce prix plus élevé des marchandises pourrait mettre le vent dans les voiles à l’économie canadienne, riche en ressources, ainsi que donner un élan au dollar canadien.

Rendements des marchés au 28 février 2021
Marchés boursiers
Niveau
Cumul mensuel
Cumul annuel
1 an
Indice composé S&P/TSX (CAD)
18 060,26
(4,17 %)
(3,60 %)
(11,05 %)
Indice S&P 500 (USD)
3 811,15
(2,61 %)
(1,47 %)
29,01 %
Indice Dow Jones Industrial Average (USD)
30 932,37
(3,17 %)
(1,06 %)
21,74 %
Indice MSCI EAFE (USD)
2 168,87
(2,11 %)
(0,99 %)
19,85 %
Indice MSCI Emerging Markets (USD)
1 339,26
0,73 %
3,72 %
33,19 %
Marchés des titres à revenu fixe
Niveau
Cumul mensuel
Cumul annuel
1 an
Indice obligataire universel FTSE Canada (CAD)
1 777,25
(2,52 %)
(3,60 %)
1,09 %
Indice obligataire de premier rang FTSE Monde (USD)
250,65
(1,87 %)
(2,85 %)
4,12 %
Devises
Niveau
Cumul mensuel
Cumul annuel
1 an
CAD/USD
0,7850
0,30 %
(0,10 %)
5,26 %
Marchandises
Niveau
Cumul mensuel
Cumul annuel
1 an
West Texas Intermediate (USD/baril)
61,50
17,82 %
26,75 %
37,40 %
Or (USD/oz)
1 734,04
(6,15 %)
(8, 66 %)
9,36 %